Sunday, November 29, 2009

Inspiration / Aspiration / Deuil / Accident / Altitude

Une autre photo du Taj!



Apres m'etre baigne dans le Gange a Rishikesh et m'y etre fait une petite remise en forme: cours de yoga, massage, bonne bouffe et rasage de tres pres chez le barbier, je prends le train de nuit direction Varanasi... Je me sens ravigore et tout beau, pret pour mon rendez-vous...

J'arrive donc a Varanasi, apres un trajet interminable coince entre un Indien et des bagages, a dormir par terre, au milieu de cette porcherie. (Et je suis de moins en moins douillet pourtant...)

A Varanasi, je me dirige vers les ghats (escaliers) du Gange. Dans la rue, impraticable, se melent touristes et indiens qui se croisent dans cet artere qui mene au fleuve. Il fait noir. Je sens deja la ferveur depuis la rue. Puis le Gange se decouvre, des chants, des cloches, de la fumee, les elements qui se melangent, et au milieu des barques des centaines de petites bougies, a la derive, lueurs se faufilant dans la nuit. Je suis sous le charme.
Plus loin, les corps des defunts sont apportes et menes jusqu'a l'eau sacre pour une derniere benediction avant d'etre consumes par le bois de mangue. Le coeur est donne au fleuve. Les fideles s'y baignent quelques metres plus loin. Spectacle et intimite. Force et serenite. Une rare violence dans la beaute.
Et le lendemain a l'aube, les memes rituels se succedent.
Au loin sur l'autre berge, le soleil sort de sa torpeur. Il sort de cette enveloppe qui le couvre et flotte au-dessus de l'eau comme une bulle de savon. Son eclat se reflete comme une flamme de bougie qui viendrait lecher les ridules de cette peau usee par les hommes; qui coule, qui s'ecoule avec nonchalence. Et le rythme des chants, des sons qui orchestre et cadence ce temps incroyable, le temps de la foie, du spiritisme et du mysticisme. Effarant spectacle.


Je quitte Varanasi pour encore une fois, un long trajet.
Nous rentrons a 11 dans une jeep, direction Sunauli, au nord. 5 Japonais, 2 chauffeurs, 2 Finlandais, 1 Argentin et moi.

A 24 km du but je tourne la tete. Le temps se ralenti.
Je vois la petite fille traverser sans regarder. Elle ne voit pas la jeep qui roule.

Le volant tourne, les pneus crissent et glissent. Du silence.

Un bruit sourd. Mon coeur s'accelere. Je pense qu'elle est passe sous la roue, qu'elle est morte.
Des cris, des indiens partout, de la panique.
Les quelques secondes me paraissent longues, longues avant que quelqu'un ne la releve.
Mon dieu, elle est vivante, elle pleure.

Il l'amene sur le bas-cote, une trainee de sang accompagne le mouvement. Le pied est touche, casse, dechiqueter, les os, les tendons, le sang; a vif.

Des cris partout avant que tout ne s'organise devant nos yeux. Nous sortons du vehicule, bagages a terre. Les 2 chauffeurs la mettent a l'arriere avec sa mere et l'emmenent directement a l'hopital, 40 km plus loin soit 1h30 a 2h de route.
Elle y laissera certainement le pied si ce n'est plus. Et la vie brisee.
Nous nous lions dans l'instant moi et mes compagnons de route, completement impuissant.
Et ce visage grave pour longtemps dans ma memoire. Impuissance.
Impuissance.

Quelque heures plus tard un bus viendra nous chercher et nous mener jusqu'a Sunauli ou dormirons apres avoir passe la frontiere.
Journee eprouvante. Que la vie est febrile. Que la vie est precieuse.


NEPAL

Ce matin je me reveille donc dans le plus haut pays du monde. Je prends le bus direction Pokhara. La vie continue avec cette implacable inertie. Je m'installe sur le toit du bus et vois defiler les montagnes, les nuages, mes pensees. La vie est dure. Il faut respirer.
J'arrive a mon rendez-vous.

Elle m'attend.

A moi l'Himalaya.

2 comments:

  1. parce que tu es un authentique, l'Inde te fera vivre ce que tu es prêt à vivre.....
    mam

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  2. Salut Mahieu; tes textes sont très agréables à lire. On attend la suite ! Bon voyage...

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