Wednesday, November 18, 2009

Avarice. Envie. Avidite.

Voulant rejoindre Chandigargh et faire route vers le nord et le Ladakh, billet de train en poche, je rencontre Hannef dans la rue. Comme tant d'autres rabatteurs, je me mefie, mais comme il parle tres bien francais, je discute et vais boire un the avec lui. Mon train pars dans 2 heures, j'ai le temps.
En discutant je lui raconte mes plans. Il me dit qu'il peut m'avoir un vol pas cher pour Srinagar, dans le nord de l'Inde, et de la, je pourrais rejoindre Leh et le Ladakh, la ou je reve d'aller. Hyper mefiant je me dis que ca sens la grosse arnaque. Il telephone a l'un de ses amis francais vivant en France et me le passe ! Situation assez comique mais suffisante pour lui faire confiance. Je change mes plans a la deniere minute.
Dans l'avion, apres 1 heure de vol, cloue sur mon siege, le visage colle au hublot et devant mes yeux ahuris, s'etalent telles des vagues ou des dunes, toute la chaine Himalayenne, a perte de vue... Les plus hautes montagnes du mondes m'offrent un spectacle majestueux. Un moment egoiste et Magique !

J'atteris a Srinagar. Je passe de 21 a 9 degres. Il a neige il y a 2 jours. Srinagar et son lac (le lac Dal) est la capitale d'ete du Cachemir, dans le nord de l'Inde. Apres un saut de puce sur la carte j'arrive en pleine terre Sikh et musulmane, rythmee par ses 5 prieres quotidiennes (les Sikhs sont facilement reconnaissable a leurs turbans). Les mosquees diffusent par hauts parleurs les chants stridents et lancinants dans toute la ville. Tous les jours je me reveille a la premiere priere (5h30).
Le cousin de Haneef; Imtyaz, m'attends a l'aeroport. Je vais loger sur son "house-boat" pour 2 nuits. Les "house-boat" sont litteralement des "maisons bateaux".1200 house-boat sont eparpilles sur le lac servant de logements pour les touristes. J'arrive donc en pleine saison morte, mois de novembre, on se gele ici. Je suis l'un des rares touristes. Mais qu'est-ce que je viens faire ici ? En plus, j'apprends que la route pour Leh est fermee. Seul l'avion peut desormais la relier. Adieu Ladakh et Zanskar, adieu trekking. Je suis la bien trop tard, l'hiver approche. Merde, je voulais tellement voir les hauts sommets.

Le bateau d'Imtyaz est kitsch et luxueux a la fois. Je devais rester ici que deux nuits, mais mais mais, il ne veux pas me lacher. Il veut me vendre une semaine tout compris pour 580 euros, qui est tout simplement hors de prix pour l'Inde. Je dis non, je veux rester juste 3 jours et puis c'est tout. Et la, le bras de fer commence. Apres quelques heures de negociations, je finis par ceder pour 300 euros, "tout compris": un tour du lac, une nuit passe en montagne et une visite guidee de la ville. Il m'a eu a l'usure, vraiment, cela m'a epuise psychologiquement et je me sens piege sur ce bateaux au milieu du lac. Je me dis que c'est bien, je vais voir de belles choses et le fait de rester aidera aussi sa famille a vivre en saison morte.
La visite guidee s'averera vite faite bien faite. Les jardins mongols, sont beaux, mais les fleurs sont fanees. Nous visitons aussi une petite fabrique de tapis du Cachemir (Un travail hallucinant pour faire un tapis!). Bien sur je passe en arriere boutique ou l'on m'offre le the avant de me deballer une multitude de tapis a bon prix. Le vendeur insiste, insiste, mais cette fois c'est non.

La nuit passe en montagne est elle aussi interessante. Je peux voir comment vivent les gens ici, en fond de vallee. Pendant ces deux jours je fais deux petites marches avec Rufik 16 ans, qui me ballade sur son cheval. Je me sens con sur ce cheval. Je suis le gros touriste qui s'est fais avoir. Cela m'enerve. En plus il me demande toute les 5 minutes si je suis "happy" et ca m'irrite encore plus. J'aimerai qu'il se taise. Nous arrivons en fond de vallee. Deux hommes scient du bois. Apres avoir rigoles ensemble, l'un deux me demande de l'argent. je refuse.

Le soir tout est balaye par le ciel limpide et ses etoiles.

Le lendemain rebelote, ballade.
"-U happy ?
-Yes."
A la fin, juste avant de repartir il faut que je donne du pourboire. Je sens de vilaines emotions montees en moi. Ici je suis l'homme blanc qui tour a tour est roi puis proie.
Enfin bon, je me bas pour deux euros... Quel con.
C'est la maniere qui m'agace dans cette region.
Lorsque je reviens sur le house boat, ma chambre est rangee. Ma veste elle aussi est bien rangee sous mon lit. Mes sandales ont disparus.

Le jour d'apres, je fais le tour du lac en bateau qui est vraiment un moment agreable. Nous mangeons sur une des berges du lac. J'apprecie. A la fin, pourboire.

Le dernier jour avant de repartir, le pere d'Imtyaz me demande ma veste. Vu que je me suis acheter un pancho, je lui cede. Je laisse encore des crayons et une balle pour les enfants. Cela fait sourire Imtyaz, je crois qu'il s'en fiche. Il veut aussi mon tapis de trekking. Je lui laisse. Le pere d'Imtiaz veut aussi des chaussettes. Je lui en donne une paire. Il me promet de me donner du the.

Finalement je vais etre bien content de quitter Srinagar et de me remettre en mouvement. Au matin avant de quitter le House boat, Imtyaz louche encore sur mes lunettes de soleil mais la je les garde. Il revient avec du the qu'il essai de me revendre. Je lui dit que je pensais qu'il allait me l'offrir ce sachet de the. Il le laisse dans ma chambre en me disant que si je veux je peux le prendre. Je laisse le the.

Je prends mon sac et la, oh qu'il me semble lourd... Sans doute le poids de la negativite.

Si Srinagar fut un endroit agrable, le contact d'Imtyaz me laisse globalement un mauvais souvenir: trop de hashish et de wisky...
Un peu d'argent et les gens se mettent a boire et a fumer... Je suis decu.
Je me sens faible et impuissant, parfois sans amour et sans talents. L'Inde depouille.

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