Friday, January 1, 2010

Spaghetti 24/7 / Happy New Year

L'autre soir, apres avoir mange au resto, je rentre tranquillement a la Guest House. En plein milieu de la rue, j'apercois un attrouppement d'indiens, ce qui, en soit, n'est pas si extraordinnaire que ca. Je m'approche en badaud, je vois des projecteurs et une camera. On tourne un film ici.


(Parenthese)
(Avant de poursuivre et pour recadrer les choses, il ne faut pas oublier que j'appartiens a l'espece rare du touriste.
"Rare"; car dans l'eventualite meme ou nous serions quelques millions de touristes en Inde, noye dans le milliard d'habitants, le touriste reste une espece rare.
Le touriste se distingue par son accoutrement, sa demarche, son portefeuille, son guide LonelyPlanet, ses lunettes de soleil et sa peau claire.
Le touriste fait rire, fait tourner les tetes.
Les locaux fixent du regard le touriste. Droit dans les yeux et ne detournent jamais le regard. Ils fixent, fixent... Avec cette expression indefinissable; melange de beatitude et d'interrogation. On dirait l'expression ou plutot l'inexpression que ferait une poule qui regarderait un oeuf et qui ne comprend pas ce que cela signifie.
Si le touriste marche dans la rue, ce regard vide mais pas tout a fait, s'accompagne d'une legere rotation de la tete, mecanique mais sans accroc, qui suit le touriste du debut a la fin du champ visuel possible. Et l'Indien te fixe et te devisage. De haut en bas. Il n'y a aucun doute possible: tu es bien different d'eux. Et tu le sens.)


Donc.
J'arrive en tant que touriste et me glisse derriere le troupeau. Quelques personnes me fixent mais c'est bon, je commence a avoir l'habitude. Surtout qu'avec mon echarpe orange, mon chapeau et le metre quatre vingt dix qui se balance d'une jambe sur l'autre, je fais office de panneau lumineux qui pourrait indiquer: "Hey! Ho! Look at here, I'm a big tourist!"
La tete par dessus la masse, j'observe ce qui se passe. De l'autre cote, un mec me regarde un peu plus longuement que la moyenne, comme s'il avait une idee derriere la tete.
Je sens le coup fumer...
Comme il ne se passe rien, je decide de tracer mon chemin. A ce moment la, le mec m'interpelle. Il me demande d'ou je viens et me demande mon nom. Il parle le francais. C'est le realisateur du film. Il me dit qu'il a fait ses etudes a Paris a la FEMIS (prestigieuse ecole de cinema) et me demande si je veux faire une prise. J'accepte avec rigolade. Puisque tout le monde me regarde, au moins cette fois il y aura une bonne raison!
Il m'explique la scene. Le heros principal, un mendiant, m'agrippe dans la rue et me parle (moi je joue le touriste hein, si vous aviez pas encore compris). Comme je ne comprends rien et que je veux juste me debarrasser de lui, je lui donne 10 roupies et je trace mon chemin.
Facile.
Le chef operateur n'a pas l'air rejouie de cette improvisation mais l'on change l'axe de la camera, on arrete les voitures et apres quelques indications de mise en scene, "Action"!
En plein milieu de la rue, la-bas, je fais de la figuration pour Bollywood. N'importe quoi. Gros rire.
Nous faisons 2 prises. Le realisateur a l'air satisfait. Avant de partir je lui demande le titre du film: Spaghetti 24/7.
Du grand Bollywood!


Hier soir, je passe le 31 dans la rue, a marcher un peu au hasard avec la foule. Je me fais un aller retour dans Park Street qui est la rue principale. La foule se densifie et c'est un peu flippant. Je me cale au coin du carrefour et observe le defile. Minuit passe et l'on entend un feu d'artifice puis une rumeur qui parcours la foule. Au final il ne se passe pas grand chose. La police controle bien la circulation et la foule qui arpente les trottoirs; si bien qu'il n'y a aucun debordements sur la route. La police interdit de s'arreter. Il faut marcher et rester en mouvement pour garder une certaine fluidite sur le trottoir. Il y a effectivement quelques mouvements de foule qui me font un peu peur. De plus, j'ai toujours l'etiquette du touriste, et tous les passants me serrent la main. A deux ou trois fois, je sens partir mon bras dans l'autre sens du courant. Ils te serrent la min mais oublient de te la rendre, alors quand ils s'y mettent a plusieurs c'est un peu paniquant. Il ne faut pas etre claustrophobe. Je decide de m'ecarter et de regagner mes quartiers. Je finis la soiree dans un bar avec quelques voyageurs que je rencontre devant l'enseigne. 2010 est devant nous.

Ce soir je quitte Kolkota et son marche au fleur avec de l'orange et du jaune du visuel et de l'odorat; sa cuisine de rue, sauvage et epicee, son musee et son architecture colonial, d'un passe definitevement revolue, ses taxis jaunes et sa classe indienne aisee; ses gamins qui cours apres de la bouffe et quelques roupies; ses 14 millions d'habitants qui vivent entasse la, quelque part au milieu du monde.

Je vous souhaite a tous une bonne annee pleine de simplicite.

5 comments:

  1. Et maintenant bonne année 2010 Math ! et bonne santé !

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  2. Merci Simon, moi aussi je te souhaite une bonne annee, et surtout une bonne sante !

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  3. hey indien !!
    comme ça fait plaisir de te lire, quelle aventure !
    bonne année de ton "fidèle" cheval

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  4. Hello Mathieu !
    Bri vient de me passer le lien de ton blog, c'est vraiment bien ce tu écris, quel beau voyage tu t'offres et avec ça riche en enseignements, pour un "sage "comme toi...
    Je te souhaite une bonne et heureuse année 2010 !
    Et à tout bientôt dans la neige qui s'est enfin mise à tomber.
    Grosses bises,
    Béatrice

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